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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 18:03

 

    Seigneur d’Ampurdan, ce troubadour de la seconde moitié du XIIIe était le fils de Bernard de Foixà. Il entra dans l’ordre de Saint François d’Assise au couvent de Monzon vers 1267 puis quitta l’ordre franciscain pour rejoindre les bénédictins dans un monastère près de Gérone (vraisemblablement à Sant Feliù-de-Guixols) puis alla au monastère bénédictin de Sant Père de Galligants où Pierre III, roi d’Aragon, lui aurait confié des missions diplomatiques en Sicile.

    Son nom est mentionné dans des documents de 1295.

    Il est l’auteur d’un traité de grammaire « Vers et regles de trobar » (Versification et règles de l’art des troubadours) en imitant l’ouvrage « Rasons de trobar » du troubadour Raimond Vidal de Bersalù.

    Il nous reste trois chansons.

 jofre-de-foixa.JPG

ŒUVRE :

 Celle-ci rend hommage à ses troubadours préférés : Arnaud de Maruèlh, Perdigon, Folquet de Marselha, Gaucelm Faidit et Ponç de Capduelh. Chacune de ces strophes se termine par un vers de ces troubadours. Le thème de la soumission à la dame est repris avec une particulière intensité où l’heur s’accouple avec la souffrance d’où émerge une joie certaine.

 

 Ben m’a long temps menat a guisa d’aura

Ma bon’ amors, com fai naus sobre vents,

Mas lo perilh m’assauava e-m daura

Lo bons espers qu’ai en vos fermaments,

En qui amar es fèrms tots mos talents

Qu’aissi m’an pres de vos qu’es blond’e Saura

Los grands beutats e-l fins ensenhaments.

 

Bien m’a longtemps mené comme la brise

Ma bonne amour, comme fait le nef sous le vent ;

Mais le péril m’est adouci et m’est doré

Par le bon espoir que je place fermement en vous,

Puisqu’à vous aimer tout mon désir est sûr

Et que m’ont attaché à vous, blonde aux cheveux dorés,

Vos grandes beautés et votre fine culture.

 

Non m’agra ops que-m fos tant agravida,

Vostr’amistats, dona, de bons aips flors,

Pois deviatz envas mi tant autiva

De cor èsser e lonhar mi-l secors

Qu’ai atendut longaments car uns plors

M’en sors tan grèus que non cre gaire viva

Si-m destrenhètz,dona, vos et amors.

 

Il ne m’est pas nécessaire qu’il me soit si agréable

Votre amitié, madame, fleur de toutes bonnes qualités

Car vous deviez être envers moi si altière

De cœur et de moi éloigner tout réconfort,

Que j’ai attendu longtemps, et les pleurs

Que je verse sont si douloureux que je en crois plus vivre

Tant vous me torturez bien fort, Madame, vous et l’amour.

 

E ja de vos no-m don ço qu’ieu desire

Jamais Jésus si per als a morir

Tem mas per ço car sai sens contradire

Que pois morts fos no-os poiria servir ;

Pero si-l mal vos plason ni-l martir

Ni-l grèu afan de que ieu soi sofrire,

Ben aia-l mal e l’afan e-l consir.

 

Et jamais ne me donne ce ue je désire de vous

Jésus, si pour autre chose je crains de mourir,

Pour ce que je sais sans conteste,

Qua quand je serai mort je ne pourrai vous servir ;

Mais si les maux vous plaisent et les martyres

Et les graves tourments dont je suis à souffrir,

Que soient bénis ces maux, ces peines et ces tourments.

 

Qu’a mi non deu plaser mas ç-o que-os plaia,

Pois del tot soi vostre ab bona fé;

Sol non volhatz que d’amar vos m’estraia

Car lo podeers non es ges mieus de ren ;

Ben soi conquès mas trop soi lonh de ben

Qu’en tal consir m’an empenh que m’esglaia

Ir’e pensars e dona sens mercé.

 

Car à moi ne doit plaire que ce qui vous plaisait,

Puisque je suis tout à vous de bonne foi ;

Pourvu que vous ne veulliez pas qu’à vous aimer je renonce

Car je n’en ai nullement le pouvoir ;

Je suis bien conquis mais je suis trop loin du bien

Car à tel souci je me suis heurté, que j’en suis effrayé

Colère et chagrin et une dame sans merci.

 

E vos, amors, pois ab tan fèrm coratge

Vos am e-os sèr per que-os truèb tan nosent

Qu’adès m’auciretz tolhent alegratge,

Et adès m’auciretz tolhent alegratge,

Et adès mi revivètz jois rendent;

Per qu’ieu trac piègs d’ome del tot morent,

Donc pois avètz en mi-l plen poderatge,

Amors mercé non mueira tan sovent.

 

Et vous, amour, avec un cœur si ferme

Je vous aime et vous sers, pourquoi vous trouvé-je si néfaste ?

Car toujours vous me tuez en m’ôtant l’allégresse

Et toujours vous me ressuscitez en me rendant la joie ;

Aussi je souffre plus qu’homme qui meurt totalement

Et puisque vous avez sur moi plein pouvoir,

Amour, grâce ! Que je ne meure pas si souvent !

 

Dona, per vos m’es amors tan sobrèira

E si m’auci de vos mou l’ocaisons

Dont volgra ben que-os ausés esquerèira

Nomnar vas fe mas en vos falhisos ;

Non dei pensar sia pero de vos

Tenc er que-m faitz mal, dona plasentèira,

Mon cor e mi e mas bonas chançons.

 

Madame, mon amour pour vous est si élevé

Et s’il me tue, la raison vient de vous ;

Aussi je voudrais bien qua vous soyez mauvaise

Et accuser la foi, mais qu’en vous il y ait des fautes

Je ne dois pas penser que cela soit, pourtant de vous,

Dame gracieuse, me vient maintenant du mal et vous en faites

A mon cœur, à moi et à mes bonnes chansons.

 

Vostres soi tan don’agradiv’e pros

Qu’om piègs mi faitz ab amor plus entèira

Umils e francs e fins soplei vas vos.

 

Je suis tant à vous, Dame agréable et noble,

Que quoi que vous fassiez de pire avec un amour plus entier,

Humble et franc et fidèle je me soumets à vous.

Arnaut-de-Mareuil.JPG  Perdigon-2.JPG

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