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    Guillaume de Tudèle, co-auteur de « La Chanson de la Croisade Albigeoise » au Chapitre II – les origines de la Croisade – écrit : «Ainsi à Carcassonne, un jour l’évêque d’Osme et ses frères légats provoquèrent les Bougres (ce mot signifie Bulgares et désigne les Cathares) en un débat public. Le peuple vient en foule écouter la dispute. Pierre d’Aragon écrit sur un parchemin scellé et envoyé à Rome « ces égarés suivirent leur chemin fautif, obstinément »… « Le pape, Eugène III, dit à Bernard, abbé de Cîteaux, «Va droit à Carcassonne et Toulouse, va et conduis l’armée contre les renégats. Prie les Croisés d’arracher sans pitié les ronciers mal croyants de nos terres chrétiennes » (1145)

    En février 1204, les légats du pape, Pierre de Castelnau et frère Raoul se rendent à Carcassonne où se trouve Pierre II d’Aragon ; la ville abrite de nombreux cathares et vaudois ; le roi organise une rencontre entre les légats et une forte délégation cathare dont Bernard de Simorre, évêque cathare de Carcassonne. Pendant trois jours, les affrontements idéologiques sont rudes et les cathares sont officiellement déclarés hérétiques. Le pape, Innocent III, demande au roi de France d’intervenir en Languedoc (février 1205) « afin que le glaive matériel se joigne au glaive spirituel ».

    Au Chapitre II – les débuts de la Croisade et la prise de Béziers – Le comte de Toulouse vient de signer la paix avec le pape Innocent III à Saint-Gilles le 18 juin 1209 ; on peut lire : «Quand le vicomte Raymond-Roger de Trencavel apprend que l’armée des Croisés a passé Montpellier, d’un bond, il est en selle et vers Béziers chevauche. Il franchit le rempart, un matin dans l’aurore brumeuse et annonce, après avoir armé la garnison et renforcé les tours de guet, son retour immédiat à Carcassonne ».

    La mise à sac de Béziers, pillée et incendie, est suivie du massacre de sa population. Cette sauvagerie a provoqué une si grande terreur qu’un certain nombre de seigneurs et de cités occitans abandonnent la résistance et rejoignent la croisade ou s’enfuient vers des comtés accueillants et alliés.

    Au Chapitre III – le siège et la prise de Carcassonne – l’auteur écrit : «Mardi 28 juillet 1209,  Trencavel, au rempart voit venir l’armée des Croisés. On poste des guetteurs partout sur les remparts. La ville est imprenable. Au loin le camp croisé s’éveille : bruits de fer, piétinements fiévreux. Dans Carcassonne aussi on fourbit les cuirasses… Au soir, des corps sanglants sont juchés par milliers dans les prés alentour. Le combat fut terrible ». A l’Aube du  3 août, les Croisés attaquent le Bourg et occupent la rive gauche de l’Aude, coupant ainsi la cité de son approvisionnement en eau. «Le faubourg fut détruit en décombres fumants (3 août 1209). Sur les corps pourfendus, les Croisés traînent des pierriers jusqu’aux bords des fossés… Pierre, roi d’Aragon, arrive avec cent cavaliers. Là est le pavillon d’or et d’argent du Comte de Toulouse… Quand Trencavel apprend sa venue, il fait baisser le pont-levis et court à sa rencontre. Trencavel lui raconte l’effroyable tuerie de Béziers à quoi Pierre d’Aragon lui conseille de négocier et Trencavel accepte. Le roi monte à cheval et revient vers l’armée des Croisés. Les chevaliers français et l’abbé de Cîteaux l’entourent l’interrogent mais l’abbé de Cîteaux répond : pour vous faire plaisir nous acceptons que Trencavel ait la vie sauve mais sans armes ni bagages avec dix de ses hommes seulement et abandonne Carcassonne à notre discrétion ».

    La ville abrite trois à quatre mille habitants mais de nombreux paysans, fuyant la Croisade sont venus se réfugier.

    Pierre II, roi d’Aragon, est suzerain de Trencavel ; il arrive dans le camp des Croisés, se rend auprès de Raymond VI, rencontre le légat pontifical, Arnaud-Amaury et lui demande de se rendre dans la ville pour parlementer avec Trencavel pour convaincre ce dernier de l’inutilité de résister et d’engager un combat. Trencavel lui fait le récit des exactions des Croisés et souhaite l’appui du roi. A la fin de l’entretien, Trencavel accepte que Pierre d’Aragon négocie une reddition dans les meilleures conditions. Le roi se heurte à l’intransigeance du légat qui impose une reddition sans conditions autres que la liberté de Trencavel et d’onze chevaliers. Roger de Trencavel refuse cette proposition jurant qu’il préfère laisser ses gens et lui-même se faire tuer que d’accepter une pareille honte.

    « Quand Trencavel apprend la nouvelle il répond qu’il veut combattre. Pierre s’en va, tête basse et gorge bouillonnant de sanglots. Il quitte le pays. Les Croisés comblent les fossés, assemblent des troncs d’arbres en murailles mouvantes… La ville est surpeuplée. L’été est accablant. L’armée de Montfort tient le chemin d’accès à la rivière et les puits sont à sec. Carcassonne se meurt. Les blessés pourrissants, couchés le long des rues, ivres de soif, délirent. L’infection de leurs plaies se mêle aux puanteurs du bétail écorché dans les cours, sur les places. Les femmes, les vieillards, les enfants purulents croupissent, entassés dans les maisons ouvertes, environnés de mouches, épuisés, somnolents. Huit jours s’écoulent. Alors un des plus grands Croisés, Pierre de Cernay, propose une entrevue hors des murs de la ville. Le pont-levis s’abaisse. Trencavel accompagné d’une centaine de chevaliers apparaît. Le délégué des Croisés lui propose un accord sous la protection papale : sauver sa vie sinon Carcassonne souffrira le sort funeste de Béziers. « Je me rends à votre volonté et à celle du roi de France si vous me promettez que je peux sans crainte revenir dans ma ville ». Tandis que Trencavel revient vers son camp des chevaliers et sergents de l’armée de Montfort, l’entourent, le bousculent, le conduisent devant le pavillon du Comte de Nevers ; il descend de cheval. Le voici prisonnier… Autour de lui, Français et Bourguignons se pressent. Trencavel s’est rendu. Alors dans la cité, le peuple épouvanté s’enfuie aux quatre vents. L’armée rentre aussitôt dans la ville (15 août 1209), installe ses quartiers dans les tours, le donjon, le logis vicomtal. Trencavel est jeté dans un cul-de-basse-fosse, déchu de ses titres et dépossédé de tous ses biens ».

    Trencavel, jeté en prison, meurt le 10 novembre 1209. La vicomtessse et son fils, Raymond II de Trencavel se réfugient dans le comté de Foix. Les Carcassonnais se dispersent et se réfugient pour la plupart dans la Montagne Noire, le Lauragais, le comté de Toulouse ou l’Espagne.

    Dans le Chapitre IV – les Croisés en pays conquis – l’auteur écrit : «Les chevaliers croisés ont conquis Carcassonne. Vers la fin du mois d’août, le comte de Montfort s’établit dans son nouveau fief de Carcassonne et hérite du vicomte de Béziers et de celui d’Albi. Il offre à Guillaume de Contres les terres de Béziers. A Lambert de Crécy Montfort confie Limoux. Le comte de Trencavel meurt obscurément dans un cachot profond, le ventre ravagé de puantes coliques (il meurt de dysenterie) le 10 novembre 1209. De nombreux carcassonnais, jugés hérétiques, seront condamnés au Mur (prison à vie ou antichambre du bûcher). Robert de Courtenay, Guillaume de Nemours et le comte d’Auxerre avec la grande armée venant d’Ile-de-France entrent dans Carcassonne en mars 1211 ».

    La rumeur d’assassinat conduit le peuple, déjà commotionné, à se révolter ; ils assiègent plusieurs châteaux récemment conquis par les Croisés et en massacrent les garnisons. Roger-Pierre de Cabaret tend une embuscade à Bouchard de Marly, cousin de Montfort, qui connaît une cuisante défaite, des supplices et la mort. Recevant de nouveaux renforts, Simon de Montfort part à la reconquête des domaines perdus en faisant preuve d’une cruauté sauvage. Minerve (mai 1210), Termes, Bram, Pennautier (novembre 1210), Lavaur ( 3 mai 1211), Casses (fin mai 1211) conquises, il se lance vers Toulouse, défait le comte de Toulouse, Raymond VI, à Castelnaudary (septembre 1212)  puis se dirige vers l’Albigeois (Gaillac, Laguépie, Montaigu, Moncuq, Rabastens, Puycelci sont dévastées) ; de là il va vers l’Agenais (mai1212) puis occupe Muret (10 septembre 1213) avant de faire le siège de Toulouse.

 

    Au Chapitre IX – l’offensive toulousaine – on lit : « Le 20 septembre 1211, Montfort et ses armées quittent Carcassonne et se rendent à Castelnaudary pour, en ses murailles, attendre les armées des Toulousains que conduit Raymond VI. La bataille est longtemps indécise mais les troupes languedociennes perdent le combat et lèvent le camp ».

    Le 20 mai 1211, Adhémar et Pons Jourdain, seigneurs de Saint Antonin-Noble-Val sont emprisonnés et torturés à Carcassonne.

    Dans le Chapitre XXXVI (écrit par le second auteur de la Chanson qu’on appelle Anonyme) – la succession de Simon de Montfort – on apprend : « Au siège de Toulouse, Simon de Montfort est tué (25 juin 1218). Le 25 juillet 1218, les Français s’en vont. Beaucoup d’entre eux sont morts. De Toulouse ils n’emportent qu’un seul cadeau : le corps de leur comte défunt. Ils vont à Carcassonne. Son corps est ramené à l’église Saint Nazaire. Solennellement ils l’enterrent. Sur sa pierre tombale est clairement gravé qu’il est saint et martyr, qu’il ressuscitera, qu’il connaîtra la joie parfaite des Elus et ceindra la couronne à la droite de Dieu ».

    Son fils, Amaury prend la succession.

    Début 1219, « Raymondet » ou jeune Raymond (futur Raymond VII), le comte de Foix, ses deux fils, ses chevaliers et plusieurs vassaux déshérités et chassés de leurs terres ( on les appelle faydits ou faidits) dont Chabert de Barbaira, Jourdain de Cabaret, Guillaume de Niort résident à Baziège que les garnisons de Carcassonne viennent assiéger emmenés par Foucaud, Jean de Berzy et Alain Roucy. Le méridionaux sortent de la place et attaquent la cavalerie lourde des Croisés qu’ils déciment. Les Français sont massacrés ; les frères Berzy sont faits prisonniers. Pierre Guillaume de Séguret, un méridional félon, est pendu haut et court.

    Après la défaite de Castelnaudary où son frère Guy est tué (20juillet 1221), Amaury de Montfort se replie sur Carcassonne (février 1222). Le Biterrois et le Minervois se sont soulevés contre les exactions des Croisés. Après avoir connu des revers importants et perdu beaucoup d’hommes dans l’Agenais, l’Albigeois et le Quercy, Amaury revient à Carcassonne le 13 décembre 1223 ; il ne lui reste plus que le Carcassès qu’il veut céder au roi Philippe-Auguste mais celui-ci meurt le 14 juillet 1223.  

    Le 24 janvier 1224, Amaury de Montfort signe à Carcassonne sa capitulation devant ses adversaires sous une tente dressée sur les rives de l’Aude au pied des remparts puis il prend la route de l’Ile-de-France emportant les restes de son père dans une peau de bœuf. Carcassonne est remise au jeune Trencavel qui n’a que 16 ans et qui redevient vicomte de Béziers, seigneur de Carcassonne, du Razès et d’Albi. Les prélats languedociens écrivent au pape Honorius III et au prince Louis VIII pour qu’ils interviennent rapidement en Languedoc.

     Le concile de Bourges (29 novembre 1225) où assistent quatorze archevêques, cent vingt-trois évêques et cinq cents abbés décide de constituer une nouvelle Croisade que mènera Louis VIII. Celui-ci, le 29 mars 1226, arrête le calendrier de l’expédition qui sera sous la protection de l’église et qui assure à tout croisé de bénéficier d’indulgences, de dons en terres et argent et devra appliquer fermement une lutte implacable contre tout hérétique et leurs soutiens éventuels.

    Après quinze ans de guerre, le Languedoc se soumet à l’armée royale ; Avignon, les seigneurs du Biterrois et les consuls de Béziers, ceux de Nîmes, de Carcassonne, Castres, Albi, Narbonne, Limoux, Beaucaire et Pamiers font acte d’allégeance (juin 1226).

    Le roi, malade, meurt à Montpensier le 8 novembre 1226. Louis IX n’a que douze ans. Un seul ne plie pas ; c’est Raymond VII de Toulouse.

    Des nids de résistance entre 1226 et 1227 apparaissent mais seront rapidement neutralisés par des massacres comme à Limoux et Labécède au cours de l’été 1227.
    Toulouse, indomptée, est entourée d’un cordon de places et de châteaux acquis à sa cause : Auterive, Puylaurens, Saint Paul-Cap-de Joux, Rabastens et Gaillac. De nombreux revirements et divergences vont naître entre la papauté (Grégoire IX), ses légats, Blanche de Castille et Raymond VII.

    Ce dernier, sensible à la disette et aux dévastations dont est victime sa population accepte par l’intermédiaire de l’abbé de Grand selve de signer le traité de Paris-Meaux (12 avril 1229) où dans ses trente-deux articles Raymond VII confirme sa capitulation. Très vite, l’Eglise et la couronne de France vont mettre en œuvre les dispositions du traité.

    Le Concile de Toulouse de novembre 1229 dans ses quarante-cinq canons porte en germe les fondements de la future Inquisition.

   En 1231, le pape Grégoire IX écrit : « EXCOMMUNICAMUS ET ANASTHEMISAMUS » qui confirme la condamnation au bûcher pour les hérétiques et l’excommunication pour  les personnes qui ont eu des relations, constatées ou supposées, avec les ennemis de la foi catholique. Par lettre du 20 avril 1233, le pape nomme l’ordre des Dominicains comme « juges délégués par le Saint-Siège à l’inquisition de la perversité hérétique ».

    C’est ainsi que Vincent Ferrer et Pierre d’Alès deviennent les inquisiteurs de Carcassonne (22 avril 1233). Déjà le 8 avril sur ordre du pape, Guillaume Arnaut, inquisiteur dominicain, vient à Carcassonne enquêter sur une grande famille, les de Niort. Il poursuivra cette tâche sur d’autres familles carcassonnaises entre 1236 et 1238 ; l’issue de la plupart des interrogatoires débouchera sur l’arrêt de prison à vie. C’est aussi la période où, un peu partout, les inquisiteurs font déterrer les cadavres des cathares ou sympathisants pour en promener les ossements en procession dans les rues avant de les abandonner aux flammes du bûcher.
Le 15 juillet 1239, le jeune Trencavel, après avoir rallié à sa cause les anciens vassaux de son père et bon nombre de « faydits » (nobles dépossédés de leurs biens par les Croisés), s’empare du bourg Saint-Vincent avec la complicité des carcassonnais.

    Mais le 11octobre, après trente jours de siège il lève le camp à l’arrivée de l’armée de secours envoyée par le roi de France et conduite par Jean de Beaumont. Il se refugie à Montréal que viendront assièger les Français. Trencavel et des parfaits dont Pierre Paulhan, évêque du Carcassès,s’enfuiront et se refugieront à Besplas. Montréal sera rasée, le château détruit. Les suspects d’hérésie seront marqués au fer rouge d’une croix sur le front. D’autres faydits et parfaits seront pendus à Laroque-de-Fa. Trencavel part en exil à la cour de Jacques Ier de Barcelone.

    En 1248, Bernard-de-Caux et Jean Saint-Pierre sont chargés du tribunal inquisitorial de Carcassonne.
Le 11 juillet 1278, Jean Galande prend ses fonctions au tribunal inquisitorial de Carcassonne. Il conduira une cinquantaine d’interrogatoires qui se terminent par la confiscation des biens, la destruction des maisons, et l’incarcération avec entraves et jeûne pour la quasi-totalité des interrogés.

    Il instruira le procès des châtelains de Lastours en 1284. Guillaume de Saint-Seine, qui succède à Jean Galande, conduira vingt-deux interrogatoires dont les arrêts sont la peine de la prison à vie.

    Le 8 décembre 1298, les Consuls carcassonnais signent la paix avec l’inquisiteur Nicolas d’Abbeville.

    Voici ce qu’écrit Pierre de Vaulx-Cernay, cistercien et chroniqueur des Croisés dans son ouvrage « Historia Albigensis. Historia de Factis et Triumphis memerabilibus nobilis viri domini comitis de Monte Forti », entre 1203 et 1218 dans son chapitre XVII : «du siège de la ville de Carcassonne et de sa reddition » :

     « Le vicomte, apprenant que les Croisés s’avançaient pour faire le siège de Carcassonne ramassa tout ce qu’il put de soldats et se renfermant avec eux dans la ville, il se prépara à la défendre contre les nôtres. « Nos gens délibérèrent de marcher droit sur Carcassonne ; car ses habitants étaient de très méchants hérétiques et devant Dieu pécheurs outre mesure… »

     « Le vicomte, apprenant que les Croisés s’avançaient pour faire le siège de Carcassonne ramassa tout ce qu’il put de soldats et se renfermant avec eux dans la ville, il se prépara à la défendre contre les nôtres ».

    « N’oublions pas de dire que les citoyens de Carcassonne, infidèles et cruels, avaient détruit le réfectoire et le cellier des chanoines de leur ville ainsi que les stalles de l’église pour fortifier les murailles… »

    « Le troisième jour, nos gens attaquèrent le premier faubourg avec grande impétuosité ; le succès obtenu, nos gens comblèrent les fossés et mirent à ras de terre le faubourg… »

    « Ces choses faites, les nôtres ne tardèrent à dresser des machines (perrières) et à appliquer contre le mur un chariot à quatre roues couvert de peaux de bœuf ; ils placèrent dessous des pionniers pour saper la muraille. Le lendemain, au point du jour, la muraille ainsi minée s’écroula ; nos gens entrèrent avec un terrible fracas… »

    "Les assiégés sortirent nus de la ville n’emportant rien que leurs péchés. Leurs biens  passeraient au vainqueur »

    En 1325 : dernier bûcher pour une croyante cathare.

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