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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 18:50

    Né à Cervera, près de Lérida, il s’initia à l’art des troubadours après de longues études de versification. Il devint le protégé de Jacques le Conquérant (vainquit les Maures et étendit son royaume aux Baléares, à Valencia et en Murcie) puis de son frère Pierre et connut les honneurs du titre de poète officiel de la cour d’Aragon. Son œuvre est abondante : environ 120 poèmes, la plupart des poèmes lyriques mis aussi des chansons satiriques où il montre sa volonté de maintenir les valeurs morales du « trobar » et les qualités poétiques de ses devanciers.

IMGP1346.JPG

 

EXTRAIT :

    Le poète s’en prend aux femmes au nom des valeurs de la tradition ;  sa misogynie contre les femmes perfides et mauvaises appartient au courant moraliste du « trobar » tels Marcabrun et Matfre Ermengau.

 

A grèu pot om conoisser en la mar     On peut difficilement reconnaître sur la mer

Camin sitot s’en passe lenh e naus,        Un chemin, même si bateaux et navires y passent

Ni sitot s’es la mar plan’e suaus,            Et même si la mer est plane et calme,

Pot grèu l’aiga planament mesurar ;       Il est difficile de mesurer exactement l’eau ;

Encara mens vei ni conois ni sap           Encore moins on ne voit ni ne connaît ni ne sait

L’engenh e-l mal qu’en falsa femna cap. La ruse et le mal que contient une femme fourbe.

 

E qui l’aucèl ve contra-l cel volar        Celui qui voit l’oiseau contre le ciel voler

Grèu pot saber lo loc ont s’an ni-s paus,  A de la peine à savoir le lieu où il va et se pose

E las fuolhas d’un pin e de dos faus,       Et les feuilles d’un pin et de deux hêtres

Pot grèu el cel las estelas comptar ;       Et les étoiles du ciel il est difficile de les compter ;

Encara mens crei que sens dan escap     Je crois encore moins qu’il s’en tirera sans

                                                                   dommage

Qui vil femna aclh dins en son trap.        Celui qui femme vile accueille sous sa tente.

 

E cel qui ve per una roch’anar                   Et celui qui voit sur un rocher aller

Una serpent, ab que-lh ver dire n’aus,       Un serpent, s’ill veut bien être franc,

Grèu i ves pas camin traç ni esclaus  Voit difficilement le passage, chemin, trace ou piste

 Ont posqu’aissi com la serpents passar ;      Où tout comme le serpent il peut passer ;

Encar mens pot venir a bon cap               Encore moins, et je ne le dis pas en exagérant

D’avols femna estorts que non mescap.   Réussira-t-il à s’arracher d’une mauvaise femme.

 

 

 

E pot om grèu los quatre vents liar          Et on peut lier difficilement les quatre vents

Si que-ls tenha dins sa maison enclaus,   De sorte qu’on les tienne enclos dans sa maison,

Et un leon quand es esquius e braus,         Et un lion, quand il est farouche et mauvais,

Por gru aissi com caval enfrenar ;            On peut difficilement comme un cheval le freiner ;

Encara mens pot venir a bon cap              Encore moins en venir à bout

S’ab mala femna beu en un anap.          Celui qui avec une femme vile boit dans son hanap.

 

A grèu pot om lo solelh sia laus,             On peut difficilement arrêter le soleil,

E tant obrar que blasmes sia laus,            Ni faire tant qu’un blâme soit louange,

E ors anhèls e gals grua e paus,                Et ours agneau, et coq grue ou pan,

E la luna quand es creissent mermat ;     Ni faire descendre la lune quand elle monte ;

Encara mens crei que nul ben acab    Encore moins je crois qu’il ne pourra nul bien obtenir

S’ab femna vil vol jaser sotz un drap.   S’il veut coucher sous un drap avec une femme vile.

 

La Don’als Carts e Sobreprètz an cap La Dona als-Carts et Sobreprètz sont au sommet

D’ensenhament e de lau senq tot gap ; Pour la distinction et le mérite, sans nulle

                                                                    exagération ;

 

Co-l reis Pèire nul autre rei non sab           A côté de Pierre*, je ne sais d’autre roi

Per qu’ab Dieu tratz tots sos fachs a bon cap.  Car grâce à Dieu il mène à bonne fin toutes

                                                                                 ses actions.

IMGP7671 - Copie  IMGP0585

 

 

    *Il s’agit de Pierre II d’Aragon (1174-1213), frère de Jacques Ier, qui vainquit les Almohades dans la bataille de Tolosa (Espagne) et s’allia aux Albigeois et au Comte de Toulouse, Raymond VI.

     Il fut tué à Muret dans la bataille qui connut la grande victoire des Croisés menés par Simon de Montfort, Guillaume des Barres, Bouchard de Marly et Alain de Roucy.

     Je vous invite à lire « La Chanson de la Croisade Albigeoise » édition bilingue, Le livre de Poche n°4520.

 

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